Maurice Boudot-Lamotte, né le à La Fère et mort le à Paris, est un peintre et collectionneur d'art français.
Biographie
Maurice Boudot-Lamotte est l'aîné des six enfants nés à La Fère du mariage de François Lucien Boudot-Lamotte (1851-1925) et Emma Marie Fernande Delbarre (1846-1914). Ses quatre frères cadets sont Joseph (1881-1961), libraire place Saint-Sulpice à Paris ; Henri (1882-1960), qui est le père d'Emmanuel Boudot-Lamotte (1908-1981), éditeur chez Gallimard et correspondant de Marguerite Yourcenar ; Jean, appelé aussi Jean-Baptiste (1885-1960), officier et maire de La Fère de 1947 à 1959, et Lucien (1889-1892). Il a également une sœur cadette, Marie (1880-1924).
Il est en 1896 à Saint-Quentin l'élève de Philibert Léon Couturier dans l'atelier de celui-ci situé quai Gayant, ensuite à Paris de Jules Lefebvre, puis de Gustave Moreau. Il reçoit les conseils d'Eugène Carrière puis perfectionne son dessin dans l'atelier du sculpteur Emmanuel Frémiet. De sa consultation des mémoires de jeunesse de l'artiste (Souvenirs, 1897-1902, non publiés), Claudine Grammont retient sa rencontre avec Henri Matisse qui s'est faite à l'Académie Camillo, située dans la cour du théâtre du Vieux-Colombier et fréquentée par leur maître commun Gustave Moreau : Matisse, estimant que Boudot-Lamotte (né à La Fère) et lui (né au Cateau-Cambrésis) sont de proximité dans leur origine (ils ont de surcroît en commun d'avoir vécu à Saint-Quentin), le surnomme alors « Pays ». Maurice Boudot-Lamotte évoque également dans ses souvenirs le peintre Pierre Laprade, élève d'Eugène Carrière, à qui Matisse recommande alors de « perdre ses qualités. Il avait raison, commente Boudot-Lamotte, il faut avoir le courage de gâcher son étude pour faire mieux ».
Maurice Boudot-Lamotte épouse à Sèvres le 12 mai 1902 Thérèse Fourdrignier (1878-1977), native de Suippes. Ils s'installeront au 56, rue de Dammartin à Mantes-la-Jolie puis à Paris et auront huit enfants : Emmanuel (1903-1903), Cécile (1904-1968), Noëlle (1905-1990), Jean et Joseph (1906-1906), Marie-Josèphe (1908-1976), Marthe (1911-2004) et Françoise (1924-2005).
Perçu comme un suiveur de la tradition de Camille Corot, il participe aux principaux salons parisiens à partir de 1901, devenant sociétaire du Salon d'automne en 1909. En 1926, il envoie à la rétrospective du Salon des indépendants les toiles Le quartier (ciel bleu), Étude dans un miroir, Religieuse de la Croix de Chauny et La Récureuse.
Si les obligations familiales de Maurice Boudot-Lamotte, installé au 108, rue Olivier-de-Serres dans le 15e arrondissement de Paris, le contraignent un temps à délaisser la peinture pour un emploi à la préfecture de la Seine, Gérald Schurr comme Marie-José Salmon ne manquent pas pour autant de restituer également en Maurice Boudot-Lamotte le « chineur averti que les habitués de l'Hôtel Drouot se rappellent avoir côtoyé dans toutes les ventes de tableaux anciens et modernes : cet humaniste aux moyens fort limités échafauda jour après jour une collection axée beaucoup plus sur la qualité des œuvres que sur les "grandes signatures" ». On relève ainsi, parmi les belles acquisitions de ce « cabinet d'amateur », la toile Les rochers de Fontainebleau signée de Théodore Caruelle d'Aligny et que Boudot-Lamotte offrit au Musée du Louvre en 1951, ou encore, dans le legs de sa fille Marie-Josèphe au MUDO - Musée de l'Oise de Beauvais, la toile Lisière de bois - Forêt en automne achetée en 1944 avec attribution à Théodore Rousseau pour être rendue un demi-siècle plus tard à Constant Troyon et la suite de vingt dessins d'Édouard Bertin ayant pour sujet les paysages exécutés par ce dernier lors de ses voyages en Suisse, en Italie, puis, entre 1844 et 1848, en Grèce, en Turquie et en Égypte.
Albert Bertalan a dessiné un portrait de Maurice Boudot-Lamotte, conservé également au MUDO - Musée de l'Oise.
Œuvres
Écrits publiés
- Maurice Boudot-Lamotte, « Le peintre et collectionneur Claude-Émile Schuffenecker (1851-1934) », revue L'Amour de l'art, n°XVII/8, octobre 1936.
- Maurice Boudot-Lamotte, « Souvenirs sur Henri Matisse », Revue palladienne n°13, .
- Maurice Boudot-Lamotte, « Théodore Rousseau. Essai de biographie critique », Revue palladienne, 1948-1952.
Écrits non publiés
- Maurice Boudot-Lamotte, Souvenirs, 1897-1902, 1950, Archives Marie-Thérèse Laurenge, Paris.
Peintures et dessins dans les collections publiques
- Beauvais, MUDO - Musée de l'Oise,
- Creil, Musée Gallé-Juillet, deux peintures
- Portrait d'Ernest Gallé (1836-1900), peintre et collectionneur.
- Paysage.
- Puteaux, Centre national des arts plastiques, dont dépôts
- Chrysanthèmes, huile sur toile 61x46cm, ambassade de France à Bucarest.
- La prairie, huile sur toile 110x140cm, ambassade de France à Lima.
- Le violon, huile sur toile 73x100cm, Institut national des jeunes aveugles, Paris.
- L'église de Courcy, huile sur toile 50x65cm, 1918, préfecture de l'Aisne, Laon.
Expositions
Expositions collectives
- Salon des artistes français, Paris, à partir de 1901.
- Salon des indépendants, Paris, à partir de 1902.
- Salon d'automne, Paris, de 1909 à 1934.
- Salon régional chez M. Desprey-Pollet, Saint-Quentin, 1912.
- Salon de la Société nationale des beaux-arts, Paris, 1913, 1914.
- L'Idéal Art nouveau, Palais Lumière, Évian-les-Bains, novembre 2013 - janvier 2014.
- Paysages en vue, MUDO - Musée de Beauvais, novembre 2019.
Expositions personnelles
- Hommage à Maurice Boudot-Lamotte, Beauvais, MUDO - Musée de l'Oise, du au , exposition préparée par la fille de l'artiste.
Réception critique
- « Des natures mortes d'une exécution vigoureuse… Un bel artiste qu'il faut suivre. » - Élie Faure
- « La sensibilité de l'atmosphère, la délicatesse et la discrétion des accords, une poésie qui ne se réfère à aucun modèle : tout cela est d'un vrai peintre. » - Jacques Thuillier
- « Il oscille entre le réalisme le plus franc et les arabesques du symbolisme : un éclectisme visible dès 1901 dans les premières toiles qu'il envoie au Salon… Peintre de la mesure, attaché aux valeurs selon Corot et à la perfection plastique, au "beau métier", Boudot-Lamotte poursuit son art confidentiel dans le tourbillon des révolutions et des contre-révolutions picturales du début du siècle. » - Gérald Schurr
- « L'œuvre de Boudot-Lamotte est tantôt réaliste, tantôt symboliste, et peut même jusqu'à une certaine abstraction , à travers des toiles comme son paysage intitulé La neige. » - Dictionnaire Bénézit
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- René Édouard-Joseph, Dictionnaire des artistes contemporains, tome 1, Art & Édition, 1931.
- Marie-Madeleine Aubrun (avant-propos de Marie-José Salmon, introduction de Jacques Thuillier), Hommage à Maurice Boudot-Lamotte, Beauvais, musée départemental de l'Oise, 1979, 123 p. (BNF 34632054).
- Marie José Salmon, « Beauvais - Musée départemental de l'Oise : de Thomas Couture à Luc-Olivier Merson », La Revue du Louvre', n°5-6, 1980.
- Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, tome 5, Les Éditions de l'Amateur, 1981.
- Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
- Josette Galiègue, « Maurice Boudot-Lamotte », Revue du Louvre, n°3, 1998.
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, tome 2, Gründ, 1999.
- Hilary Spurling (en), Matisse inconnu, 1869-1908, Seuil, 2001.
- Collectif, De l'école de la nature au rêve symboliste, l'esprit d'une collection : la donation Marie-Thérèse Laurenge au musée départemental de l'Oise, Beauvais, conseil général de l'Oise et Paris / Somogy Éditions d'art, 2004, 325 p. — La donatrice est la petite-fille de l'artiste, nièce de celle qui a préparé l'exposition en 1979-1980.
- Hélène Sirven, Josette Galiègue, Marie-Madeleine Massé, Xavier Chardeau et Emmanuelle Héran, L'Idéal Art nouveau, Éditions Alternatives, 2013.
- Sous la direction de Claudine Grammont, Tout Matisse, Robert Laffont, 2018.
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Artists of the World Online
- Bénézit
- RKDartists
- Union List of Artist Names
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